La respiration du monde
Déjà de longue date je sentais la terre respirer sous mes pieds et cette sensation est encore plus intense quand je mets les mains dans la terre chauffée par le soleil, ce qui est fréquent au-delà de ma vie de citadine. Probablement des mémoires d'indienne, d'amérindienne, d'africaine ou d'anciennes vies au Brésil voir en Egypte m'ont doté d'une perception particulière pour ce souffle discret et omniprésent que la nature nous adresse en permanence. Il est probable également que mes premières années vécues à Madagascar m'ont imprégné de cette terre rouge, chaude et généreuse, permettant à cette île la floraison d'une nature merveilleuse et fertile. Ou encore que les petits arbres plantés chaque année durant mon adolescence passée en Corse, sur les collines de cette île de beauté, m'ont laissé une empreinte puissante de cette alliance profonde.
Oui ... la terre, les cailloux, les arbres, l'eau, le feu, l'air, tous ces éléments visibles et invisibles sont le miroir vivant de notre corps et notre vie sur cette terre. Ne retrouvons-nous pas tous ces éléments biochimiques dans nos cellules et la composition du sang qui coule dans nos veines nous permettant la vie grâce à la pulsation mystérieuse, sacrée et rythmée de notre coeur !?
Dans "Les sept plumes de l'aigle" Henri Gougaud l'évoque : "Nous avons reçu de la lumière, nous donnons de la lumière". Voilà ce que disaient les hommes-miroirs. La gratitude est un un échange non point hasardeux mais conscient. De n'importe quelle façon nous devons remercier pour ce qui nous est donné, sinon nous sommes en état de dette permanente. Ce n'est pas que ce soit mauvais, c'est simplement dommage, parce que la gratitude mène à la relation. Et dans la relation, il n'y a plus d'indifférence. Nous donnons, nous recevons, nous participons à la respiration du monde. Et mon enseignant ne m'a pas appris cela. Il m'a appris à le vivre. Il m'a sans cesse attiré vers les Etres qui nous entouraient, les hommes et les femmes certes, mais aussi la lune, la terre, l'eau."
Hier en marchant dans la forêt, mes pas rythmaient le son d'un chant qui émanait de l'Être, le doux espoir d'un éveil collectif à cette merveilleuse Nature, origine sacrée et miroir de nos existences.
Photo : Maldives