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Instants poétiques

Instants poétiques ...

On ne transformera pas le monde si on ne transforme pas les imaginaires. Cette phrase d'Edouard Glissant me traverse pendant que je suis dans le métro. Celui-ci est à l'arrêt depuis un moment et le chauffeur nous annonce qu'un incident voyageur bloque plusieurs rames sur cette ligne. Nous sommes à une heure de pointe, avertis d'être à l'arrêt pour un moment en station et ce jusqu'à nouvel avis. Assez courant somme toute !. Je prends un temps pour regarder les autres passagers dont les réactions sont lisibles sur leur visage, entre impassibilité, résignation, agacement et impatience. Mon voisin ne cache pas une grimace qui se prolonge du sourcil gauche au bas du menton, à ma droite un tapotement des doigts signalant un "bon .. c'est reparti !", en face les pieds gigotent à bon rythme, un peu plus loin une dame prend son mobile dans le sac pour appeler un convive attendu pour le soir, en signalant son retard probable, quand au jeune homme en face, il ne lève même pas les yeux de sa partie de candy crush !.


Pour ma part, j'ai pour le moins deux solutions. Ou je reste dans l'instant et continue à m'amuser de ce que j'observe - je n'ai pas d'engagement à suivre - ou bien je divague dans mon imaginaire. Je choisis la deuxième option et part dans un paysage quasi nocturne avec un soleil couchant, le temps est paisible et soudain une biche apparaît suivie d'une autre très proche d'elle. C'est doux et tranquille et je m'immerge totalement dans l'image, en éprouve les sensations, m'interroge où est ce paysage et décide d'y rester un moment. J'y retrouve l'odeur si particulière de la terre humide et le bruit furtif des biches qui avancent par petites enjambées en regardant, comme si elles étaient toujours aux aguets, ce qui advient aux alentours. Chaque bruit fait bouger leurs oreilles, elles semblent connectées à un champ tellement vaste. Le temps semble s'arrêter et je fais à présent partie du paysage quand soudain le métro ferme ses portes dans un grand vacarme et s'ébranle vers sa prochaine destination. Réveillée un peu brusquement, je saute du tableau pour revenir dans la réalité avec un fou rire intérieur.

Quand même ! Quelles capacités le cerveau humain nous offre. En rentrant chez moi, je découvre cette photo que j'avais mise de côté depuis plusieurs mois dans ma photothèque.

Les fils invisibles de nos connections sont sans fin !.

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