Je remercie l'énergie qui m'est donnée chaque jour pour cheminer sur cette terre et j'en prends soin comme s'il s'agissait du plus beau cadeau qui m'ait été offert, après celui d'exister. La vie est sacrée et ce que l'humanité a construit ou s'apprête à bâtir est le reflet et l'écho de nos sentiments, pensées, gestes et actes quotidiens, depuis que l'humanité est arrivée sur cette planète. De là, et tout en étant bien ancrée sur le sol, j'observe et suis attentive aux espaces où j'investis ou non de l'énergie. Comme un funambule entre terre et ciel, et avec l'éclairage du Mystère de la Vie, de la grâce et de la beauté qui m'entoure, je veille à ce précieux équilibre.
De retour d'une facilitation en province et en présentielle - quelle grâce - avec une équipe d'une vingtaine de personnes, je mesure combien les pertes d'équilibres sont nombreuses lorsque le mental est coupé de l'émotion et qu'il tourne seul et à vide. Il devient dès lors avide de nourritures extérieures, afin de remplir son labyrinthe et ne pas vivre le manque de la séparation avec soi. Des projections, des distorsions de la réalité et une violence inouïe peut émerger dès lors des pensées, des paroles voir des actes. La séparation avec nous-mêmes est une des souffrances les plus difficiles à vivre et pourtant la moins évoquée dans un monde tellement tourné vers l'extérieur pour compenser le manque de connection avec la vie en soi.
Le mental est un outil fabuleux, qui lorsque détourné de sa fonction première qui est d'inspirer depuis le coeur, d'élaborer une pensée et la mettre en correspondance avec d'autres, permet de tisser une trame de sens. Lorsqu'il se transforme en un sac de noeuds et en amalgames multiples liés à une perte de relation avec soi non reconnue, le poids des éléments non discernés tire inexorablement l'être vers le bas dans un cercle vicieux.
Ainsi je n'ai aucun élan à commenter le monde qui s'effrite et s'écroule sous nos yeux dans une complexité détournée du vivant car je perçois déjà, comme nombre d'entre nous et ce depuis l'espace du coeur, l'au-delà de ses décombres. Les systèmes de nos sociétés qui ne sont pas alimentés par une source interne de vie semblent amenés à disparaître, au-delà d'une grande résistance encore visible.
Simplifier, relier et réunir est un mantra devenu puissant dans ce monde où sur un certain plan, tout semble aller dans la division et la séparation et où la norme semble de continuer à faire diversion de l'essentiel.
Le mental pense et peut nous emmener vers des noeuds aliénants et séparateurs. Le coeur est visionnaire et voit l'unité en toute chose. Puissions-nous agrandir l'espace du coeur, et ainsi "en-puits-sensés", amplifier notre vécu du monde présent tout en rayonnant notre lumière dans nos actions quotidiennes. De là, accueillir ce qui s'en vient en discernant ce qui est en alliance avec le vivant et où nous avons l'élan d'investir notre énergie est une oeuvre de chaque instant, bien éloignée de la passivité et au service de l'ensemble.